La 21ème Rencontre Mondiale de Amis de la 2 CV à Torùn fut l'occasion d'un voyage de trois semaines en Pologne en 2 CV.

Les préparatifs pour ce périple au long cours débutent quelques semaines avant par une révision de la monture : vidange, graissage, réglage de l'allumage, etc. Je décide de remplacer les sièges en installant des sièges de Twingo un peu plus confortables et surtout tenant mieux le dos. L'allumage des feux de jour étant obligatoire en Pologne et nos chères voitures n'ayant pas été prévues pour ça (risque de griller le commodo ou le faisceau, si, si ça c'est vu !) je suis l'idée de Fred et installe des feux de jour à leds, achetés sur Internet, et branchés directement sur la bobine, comme ça ils s'allument dès que je mets le contact et surtout ils s'éteignent dès que je le coupe, pas de risque de les laisser allumer. à part cela, la voiture est strictement de série.

Ginette et moi allons faire la route avec Fred et Isabelle ; à deux voitures c'est plus sûr en cas de problème, mais il n'y en aura pas. Et puis Fred et Isa sont des as de l'organisation, avec eux tout sera prévu (oui, d'accord, c'est un peu facile…)

Nous partons de Mont-près-Chambord le samedi matin à l'heure dite ; le soir nous allons camper en Allemagne, dans l'Eifel, près d'un petit lac, sympa mais il fait un peu frais. Le lendemain nous traversons l'Allemagne par les autoroutes, passons près de Berlin, et arrivons en Pologne ; nous allons passer deux nuits dans un camping plutôt rustique et faire la connaissance des premiers Polonais, très sympas.

 

                                                                                                                                                  

Le lundi, Fred nous a concocté quelques visites dans la région et notamment le très impressionnant complexe de fortifications souterraines de Myedzyrsec, construites dans les années 30 par les Allemands pour la défense de la frontière est, la région faisant à l'époque partie de l'Allemagne : 106 bunkers en béton, reliés en réseau de tunnels souterrains d'une longueur totale de plus de 30 km. et une profondeur de 40 m. Il abrite l'hiver plus de 30000 chauves-souris de 13 espèces différentes.

Le mardi, dans l'après-midi, nous arrivons à Torùn. L'accueil se fait dans le "MotoArena", un stade couvert dédié aux courses de moto sur terre battue. Le site de la rencontre est situé à proximité sur l'aérodrome de Bielamy.

                                                                                                                                                   

Yves Gablier a réservé un grand emplacement et les premiers arrivés ont déjà monté le barnum du club. Le soir nous assisterons à la soirée d'accueil dans le MotoArena ; après l'entrée sur la piste d'une 2 CV par pays et les discours d'usage (un peu longuet) il y aura un spectacle dont on ne comprendra pas tout !

Pendant quatre jours nous allons visiter Torùn et les environs. Le dimanche matin, toujours avec Fred, nous partons vers Varsovie à quelques 200 km. Après installation au camping, nous allons visiter un musée du chemin de fer à voie étroite, le plus

important d'Europe parait-il, puis un petit musée automobile, un peu brouillon, avec des voitures polonaises et russes mais pas que.

 

Le lendemain nous irons visiter la vieille ville de Varsovie, le château royal, le Rynek (c'est le nom des places centrales dont toutes les villes de Pologne sont munies) bordé de maisons colorées, les vieilles rues, les fortifications et quelques-unes des très nombreuses églises. La plupart des églises de Pologne sont de style baroque, très chargées en ors et couleurs, impressionnantes, mêmes les plus petites.

Le mardi matin, nous nous séparons, Fred et Isa partent vers l'est et le nord, la Baltique, et Ginette et moi vers le sud, les Carpates et Cracovie.

Notre première destination est Lublin puis Zamosc, ville inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Un gros bouchon à la sortie de Varsovie nous fait perdre beaucoup de temps et nous ne ferons que traverser Lublin sans nous arrêter. Du coup, le soir nous irons à l'hôtel et pas au camping. Zamosc, trois étoiles au Michelin, surnommée la "Padoue du Nord", vaut vraiment le voyage.

Le Rynek entouré de l'hôtel de ville surmonté de sa tour de 52 m. et de maisons de style Renaissance, notamment les maisons dites "arméniennes", est exceptionnel. La ville a été fondée de toute pièce par Jan Zamoyski en 1580 et construite par l'architecte vénitien Bernardo Morando, ce qui lui assure un style homogène. à voir aussi la cathédrale, baroque bien sûr, les fortifications, la ville est entièrement entourée de remparts, et le palais des Zamoyski malheureusement défiguré à l'ère communiste. à l'extérieur de la ville, la Rotonde, poste avancé des fortifications, devint en 1939 un lieu de torture, d'exécution ou de transit pour ceux qui devaient être dirigés vers les camps de la mort. 8000 juifs, intellectuels de la région, partisans et soldats soviétiques périrent entre ces murs.

A Zamosc nous sommes à 40 km. de l'Ukraine. Nous allons descendre vers les Carpates en longeant la frontière et nous découvrirons de nombreux vestiges de la culture ukrainienne.

Le château de Lancut est notre prochaine étape. Un orage phénoménal nous retarde et nous y arriverons trop tard, le château ferme à 16 h et la dernière visite est à 15 h. ! Nous passons la nuit à Przemysl, où il n'y a guère à voir que le musée des cloches et des pipes.

Le lendemain nous arrivons assez tôt au château de Krasiczyn, superbe château Renaissance au milieu d'un magnifique parc, qui n'a rien à envier aux châteaux de chez nous. Notre prochaine étape est Sanok et les Bieszczady en passant par la vallée du San et ses églises en bois inscrites aussi à l'Unesco.

Nous prenons des toute petites routes et des pistes dans la Pologne profonde ; parmi toutes ces églises de cultes divers : catholique romain, catholique oriental (dit grec) et orthodoxe, la plus intéressante et aussi la plus ancienne est Ulucz construite en 1510, au milieu des bois sur un piton accessible seulement à pied après une courte mais raide montée.

Le jour suivant à Sanok, nous visiterons le musée d'architecture populaire, le Skansen. Sur 38 ha une centaine de maisons témoignent de l'architecture et de l'art des quatre groupes ethniques qui vivaient dans la région avant 1947. Puis nous ferons le circuit des Bieszczady  C'est une région située à l'extrême sud-est de la Pologne, près des frontières de l'Ukraine et de la Slovaquie, peu peuplée, dont les habitants d'origine ukrainienne ont été expulsés en 1947 par les Polonais. Certains villages ont été rasés et il ne reste parfois que l'église. C'est devenu un lieu de villégiature, et il est vrai que la nature y est merveilleuse : montagnes, forêts, rivières, lacs, faune tout est magnifique ; un daim a même failli s'asseoir sur le capot de notre 2 CV ! Nous croisons une étonnante fabrication artisanale de charbon de bois.

Et ce sera la remontée vers Cracovie. Tout a été dit et écrit sur Cracovie et ses environs, et je citerai simplement le Michelin : "Cracovie constitue le véritable joyau de la Pologne, une splendeur digne des plus belles villes européennes, classée à l'Unesco sur son premier inventaire dès 1978. Chère au cœur des Polonais, cette élégante métropole culturelle et universitaire, ancienne capitale royale, incarne le berceau de la nation et de la culture polonaise."

Nous y arrivons en fin de matinée et décidons d'aller visiter tout de suite la fameuse mine de sel de Wieliczka. Nous sommes avec un groupe de Français et une guide Polonaise francophone pleine d'humour. La visite dure 3 heures, mais on ne s'ennuie pas ; on descend jusqu'à 135 m. de profondeur (en plusieurs fois) par des escaliers monotones mais on remonte en ascenseur. Il fait 15° dans la mine et quand nous remontons, il est 13h30 et il fait plus de 40° à l'ombre. Ah oui, j'ai omis de vous dire que depuis Varsovie nous essuyons une canicule torride, il fait encore 28° à minuit, et la clim de la 2 CV marche à fond : vitres et volet ouverts, décapotage et tendelet sont de rigueur ; nous recherchons les hôtels et les restaurants avec climatisation.

Nous dénichons un petit hôtel près de la mine (inutile d'aller se fourvoyer en voiture dans Cracovie) et tout près de la gare : nous irons en ville en train, 20 min. sans soucis. C'est dimanche et surprise, arrivés sur le Rynek, c'est le prologue du Tour de Pologne cycliste, un parcours de quelques kilomètres en ville qui part et arrive sur le Rynek. Cette course est organisée par la Société du Tour de France, tout est écrit en français, on n'est pas dépaysé !

Le lendemain, changement d'ambiance, nous allons à Oswiecim, le camp d'Auschwitz-Birkenau. C'est terrible. à Birkenau nous rencontrons un groupe de Juifs qui psalmodient les prières des morts au milieu des ruines des fours crématoires, c'est poignant.

Après trois jours, nous quittons Cracovie par le nord, direction Wroclaw, en passant par le Jura polonais et le parc national d'Ojców. C'est une région au relief calcaire, avec des rochers aux formes extravagantes couronnés parfois des ruines d'anciens châteaux. Il est agréable de rouler à l'ombre des sapins au fond de gorges qui nous font un peu oublier la chaleur suffocante des villes.

A la sortie du Jura se trouve Czestochowa et le monastère de Jasna Góra, construit en 1382 pour recevoir l'icône de la Vierge Noire qui en fera sa renommée. Chaque année 5 millions de pèlerins s'y rendent, et à notre arrivée la foule est immense ; il faut plus d'une heure de queue pour apercevoir l'icône ; la ferveur est palpable.

Nous arrivons le soir à Wroclaw. C'est aussi une ville magnifique qui mérite le voyage, comme disent les guides. Nous commençons à être un peu fatigués : la chaleur, les visites et peut-être aussi un peu l'âge, et nous prenons un tuk-tuk (appellation pas garantie en Pologne !) pour visiter la ville. L'Hôtel de ville est somptueux, de divers styles un peu emmêlés mais le résultat est surprenant. Des gnomes sont disséminés dans la ville en des lieux parfois improbables et le jeu consiste à les chercher ; nous en avons trouvés et photographiés une quinzaine.

Cela fait presque trois semaines que nous sommes partis et nous songeons à rentrer ; par le sud et la République Tchèque ou par le nord et l'Allemagne ? Nous connaissons Prague, mais lors de la Mondiale de Most en 2009 nous n'avions pas pu aller à Dresde pourtant pas très loin ; nous décidons donc de passer par Dresde. Les derniers tours de roues en Pologne nous mènent jusqu'à la frontière allemande où nous passons la nuit.

Le lendemain nous serons à Dresde. La ville complétement rasée en 1945 par les alliés a été reconstruite et son magnifique patrimoine architectural restauré à l'identique, non sans laisser ici ou là, dans une église, des vestiges de sculptures abîmés par les bombardements.

Le retour vers la France se fera sans problème. Nous sortons de l'autobahn à midi pour chercher un restaurant et dans un tout petit village bien propre nous tombons sur l'unique établissement : c'est un grec, et on nous accueille avec un verre d'ouzo ! Le soir nous couchons à Forbach.

Nous retiendrons de ce voyage la beauté des villes et des paysages, la gentillesse des Polonais, la qualité de la cuisine dans les restaurants et le faible coût de la vie pour nous gens de l'ouest !

Notre périple un peu en dehors des sentiers battus ne nous a fait rencontrer que deux 2 CV, une italienne et une française, et une surprenante AMI 6 polonaise au fin fond des Bieszczady 

Nous aurons fait 6000 km., consommé 350 litres d'essence et à peine un litre d'huile ; la 2 CV a fonctionné comme une horloge sans incident, malgré les (très) fortes chaleurs.