La ligne de démarcation, Des  souvenirs à conserver  !!!

 

L’association des « Amis du Vieux Montrichard » que préside Mme Monique Fermé, elle-même fille de passeur, accomplit un travail mémoriel considérable de transmission sur les passeurs de la ligne de démarcation et sur d’autres thématiques locales…

Leurs recherches ont permis en 2024 de monter une passionnante exposition itinérante présentée dans les communes des bords du Cher conjuguée à des conférences données par Thérèse Gallo – Villa, et septembre dernier voyait  l’installation  de 17 panneaux mémoriels  sur les lieux historiques eux-mêmes ou les passeurs sauvèrent d’une fin certaine des milliers de vies.

De la  rencontre entre Patrice Fréal et moi-même avec Bernadette Desgranges, Thérèse Gallo – Villa et Philippe Gautier naissait l’idée d’organiser en avant -première une sortie des 2CV de Sologne sur les chemins de mémoire commentée par les Amis du Vieux Montrichard, pour faire rouler nos voitures tout en apprenant  sur l’histoire locale..

Ainsi le 12 octobre 2024 le début de journée pluvieux ne dissuadait pas la  vingtaine de 2CVet dérivés avec  52 participants à bord de se retrouver au bord du Cher en crue à l’écluse de Montrichard devant la stèle du passeur « Jean Sentout » pour un  trajet  que Patrice avait du modifier au dernier moment en  évitant  les passages impraticables.  même pour une 2CV.

Peu s’en souviennent désormais, la ligne de Démarcation a traversé le Sud de notre département pendant la seconde guerre mondiale séparant les rives du Cher entre zone occupée au Nord et zone libre au le Sud.

L’association « Les amis du Vieux Montrichard » fait connaître, pérennise et honore l’épopée des passeurs anonymes qui courageusement organisaient les passages en zone libre de ceux qui juifs, militaires, civils, résistants fuyaient l’occupant et ses persécutions.

Beaucoup considèrent que les passeurs furent en réalité les premiers résistants bien que leur action soit  longtemps restée dans l’ombre.

La chaîne de solidarité locale désintéressée fournissait aux fugitifs  le gîte et le couvert, des vêtements et de vrais faux papiers dans l’attente angoissée du signal secret connu des seuls passeurs qui en  quelques minutes faisaient  passer  le Cher au nez et à la barbe des patrouilles allemandes, leur connaissance aiguisée du relief, des gués, des particularités, des cachettes ont ouvert la porte à toutes les audaces et en même temps ils ne prenaient jamais le moindre risque.

D’une rive à l’autre les passeurs, de tout milieu social, politique , religieux  travaillaient en binôme avec une confiance et une abnégation absolues , de nuit comme de jour en fonction de leurs activités professionnelles et de leurs contraintes personnelles usant des subterfuges les plus saugrenus.

Au départ de Montrichard Thérèse Gallo – Villa présentait le contexte historique de la ligne de démarcation après l’armistice de juin 1940 puis nos 2CV démarraient en convoi sous les regards souriants et bienveillants des passants  pour marquer des arrêts devant plusieurs des 17 panneaux et écouter Thérèse puis Philippe raconter et  montrer de visu les astuces et secrets des passeurs tout en nous faisant prendre conscience des risques encourus et du prix payé par certains  pour que des milliers de personnes conservent la liberté et souvent la vie .

 

L’ arrêt de nos 2CV  à  Bourré entre la voie ferrée et le Cher s’est  avéré particulièrement émouvant : Thérèse nous racontait avec beaucoup de tact  les détails d’ un épisode dramatique  : La rafle de  Bourré  devant l’église qui sur  dénonciation vit les passeurs Louis Serin et Louis Sirot pris avec la famille Levy qui fut  gazée dés son arrivée au camps d’Auschwitz : il y avait trois enfants de 4 à 7 ans et leur maman.

Au même endroit se trouve également la stèle consacrée au passeur Emile Mandar, l’un des plus célèbres passeurs .

De nombreuses questions furent posées  par les participants attentifs, parfois émus aux  Amis du Vieux Montrichard qui ont pris le soin avec beaucoup de précisions d’apporter des réponses.

Les échanges se poursuivaient dans  une ambiance détendue  à St Aignan au restaurant  « Le Poulpe » qui nous accueillait pour le repas avec le  menu complet négocié pour l’occasion  avant une dernière intervention devant le panneau de  Seigy qui clôturait une journée dans ce format original.

 

On recommandera  aux plus curieux de parcourir à la belle saison les 17 panneaux des  chemins de mémoire et de les faire connaître  d’autant que les vues sur le Cher sont magnifiques et les aires de pique-niques nombreuses.

Ce travail patient de collecte de témoignages et de matériel  est réuni dans un film documentaire réalisé par Philippe Gautier :  « d’une rive à l’autre » sur le site THARVA.FR , d’autant plus précieux que  les derniers témoin disparaisse

Ce concept de partenariat entre associations sort de l’ordinaire mais c’est aussi cela l’art de vivre, savoir s’ouvrir et à satisfait les participants au vu de leurs retours ce qui ne peut que susciter l’envie de le reproduire prochainement.

Remerciements chaleureux à Bernadette Desgranges, Thérèse Gallo -Villa et Philippe Gauthier pour leur grande disponibilité , leur gentillesse et leur érudition ainsi qu’à l’équipe du Poulpe pour sa gentillesse.

Jean-Charles Ferrand

Pour en lire plus : https://www.tharva.fr/

L’association des Amis du Vieux Montrichard :http://www.culture41.fr/www.facebook.com/lesamisduvieuxmontrichard