A la recherche du trésor de l’Abbé Saunières.
Road Trip 2023 Nora & Jean-Charles Ferrand
Avec l’achat de nos 1ères 2cv Nora et moi avons pris l’habitude de nous esquiver en mai pour quelques jours en mode Road Trip sur les petites routes de l’Hexagone avec dans l’idée de rallonger un peu plus à chaque fois la sauce kilométrique !
Cette année la virée nous a dirigé pour un périple sans encombre de 1800 kms vers Rennes le Château ,au Sud de Carcassonne.
Vendredi 12 mai partis au petit matin de Huisseau/Cosson nous traversons rapidement les bourgades encore endormies de Selles/Cher, Valençay puis Levroux avant d’entamer réellement l’aventure non pas sur l’A20 mais sur la belle endormie qu’est devenue l’ancienne N20 .
Certes moins célèbre que sa sœur la route qui fait recette , la N20 à nos yeux conserve le souvenir des kilomètres parcourus de nos 20 ans étudiant à Limoges , et fut une des routes principale des séjours en Espagne .
Pour les nostalgiques des 30 Glorieuses , pour ceux qui veulent retrouver le souvenir des vapeurs de café , de rhum , de cambouis , d’essence et de vies terminée derrière les volets baissés à jamais , ne cherchez pas plus loin car chaque virage c’est le souvenir photographique garanti : Citons l’ancien Routier de Tendu dont j’ai connu le zinc occupé par les gros bras à gros culs , l’ancien stock GMC de L’Aumône aujourd’hui vide et abandonné et à chaque virage le Vintage à la mode nous tente : Garage et café abandonnés , panneaux Azur , Elf, Dubonnet à foison .. Méfiez vous des mirages si vous y allez car on y croise dans le brouillard (ou pas) des Simca , des DS , des Floride , des HY , des Berliet, que sais-je … En vérité le parcours sur la N20 même pour quelques kilomètres ( et même depuis Paris) est en soi une aventure , et nous allions flirter avec elle tout au long de cette escapade.
Le petit déjeuner pris en terrasse (avant l’orage) à Argenton/Creuse nous filons ensuite sous la puie – ça glisse un peu – droit sur le centre de Limoges même au prix des nombreux virages surtout ceux de Bessines sur Gartempe pour une ballade rapide dans la rue de la Boucherie et une collation sous la splendide halle couverte rénovée de style Eiffel . Les incultes moquent souvent Limoges et c’est à tort cas , je la défends car elle mérite le détour ne serait-ce que pour sa gare , une des plus belles de France , et il y a mille choses à y découvrir à un peu moins de 3h du club en 2cv – pas seulement la Porcelaine désuète- la Frairie des petits ventres en octobre est une bringue que je recommande par exemple en hommage aux bouchers d’Autrefois et il faut au moins une fois goûter à la Limousine ( l’Entrecôte).
Quittant la N20 nous avons ensuite enchaîné la traversée du Millevache et des Monédières par Eymoutiers , Ussel , Bort les orgues avant le barrage de l’Aigle sur la rivière Dordogne qui ouvre la porte du Cantal sur Mauriac, Salers , et la somptueuse chaîne des Puys. Autant de kilomètres vaillamment avalés ( avec un petit plein effectué bien sûr) par la Charleston ..On voudrait s’arrêter partout, batifoler mais la route nous presse .
Alternant tout l’après midi entre pluies et soleil , impossible de décapoter , nous sommes arrivés au terme de cette 1ère étape au Gîte d’étape du Puy Mary ( village du Claux ) par le col de Néronnes et le Pas de Peyrol au terme de 472kms parcourus . Le gîte et le couvert nous attendaient ainsi que une bonne flambée dans ce haut Cantal avec des hôtes aux petits soins , adresse à recommander pour ceux qui voudraient se lancer en Deuche, on y va quand vous voulez.
Contrôle sans souci du niveau d’huile avant la seconde étape le samedi, mais avant de tracer vers Carcassonne, quelques échappées belles entre Murat et Aurillac que nous rejoignons par la vallée de la Jordane et le bucolique village de Mandailles . En 2cv que la route est sinueuse , que les virages sont doux , que le moteur ronronne, pas besoin de radio.
Evidemment chaque approche de ville française nous réserve son lot de déviations et de rond point dans les zones commerciales , et les collègues pressés, pied au plancher,s’impatientent, il faut il est vrai conserver son calme en 2cv , la cô-pilote avec sa carte IGN dépliée sur les genoux veille au grain et très vite le calme revient . Provisions faites chez un excellent charcutier , un vrai ! un pique nique s’improvise sous les fenêtres du château d’Estaing en Aveyron avant de filer vers Albi puis Castres.
A la sortie de Castres je rate la direction de Mazamet et sous un orage violent je me retrouve sans l’avoir vraiment voulu en plein cœur de la Montagne noire , je roule sans plus trop savoir ou nous allons , la 2cv répond bien mais la copilote plus du tout ( je minimise) ! Nous sommes sans repère, en pleine forêt qui n’en finit pas, très sombre et ce n’est que bien plus tard que enfin je retrouve un panneau Carcassonne.
Cette fois pas de risque inutile, nous avions bien fait de réserver au pied de la cité un hôtel avec parking, et la ballade à pied de nuit au cœur de la citadelle sous les éclairages ne manque pas de charme pour faire passer le cassoulet et les 381 kms parcourus.
Le dimanche en fixe sur Carcassonne pour la seconde nuit , nous partons en découverte sur Rennes le Château : Un joli village à environ 70 kms de Carcassonne qui fut rendu célèbre par son curé, l’Abbé Saunières. La légende raconte qu’il avait découvert un trésor et qu’avec ce trésor il finança des travaux d’embellissement du village dont la tour de Béthanie qui domine le paysage. Les fouilles y sont de nos jours interdites car le fameux trésor y serait toujours enfoui. C’est un village poétique doté d’un petit musée et le temps semble s’y être arrêté , un prétexte à évasion .. Ayant stationné la 2cv au parking à l’entrée nous avons cependant la surprise de bientôt voir arriver sur l’esplanade une trentaine d’Alpines vrombissantes en randonnée et qui monopolisent l’Estaminet . De notre côté nous filons vers la citadelle Cathare de Puylaurens que nous escaladons par un sentier escarpé . Ce n’est pas la plus célèbre mais elle vaut néanmoins le détour et son pesant de montée ( à pied).
Si vous allez à Carcassonne ne prenez pas systématiquement pour argent comptant les recommandations du guide du Routard car autant l’adresse du samedi soir fût une bonne pioche , autant celle du dimanche prit les touristes que nous étions au piège.
Lundi 15 Au départ de Carcassonne nous entreprenons (déjà) la remontée au bercail mais pas question de filer droit et nous prenons par Castelnaudary ou nous récupérons quelque bonne pitance en conserve pour l’ hiver , Toulouse sans Nougaro , Montauban sans Lino mais tout ça va bien trop vite , la 2cv joue au métronome et donc au sortir de Cahors je la cabre pour prendre vers la sublime vallée du Lot et une ballade à St Cirq Lapopie , haut lieu du pèlerinage vers Compostelle ( à pied , à vélo ,avec son âne , mais surtout en deux-Chevaux ). Comme Chambord par ici , la ballade en hors saison est un privilège.
Enfin nous rejoignons Figeac ,par Cajarc , on se croirait j’imagine en Toscane et nous nous dégottons ( j’avoue un petit plaisir très exceptionnel pour notre bourse ) un hôtel absolument génial et spectaculaire dans un logis médiéval et du coup pas besoin d’aller à Florence pour visiter l’Italie ( donc finalement à notre façon nous contribuons à lutte contre le réchauffement climatique). Petite salade au top dans une brasserie sans prétention mais qui vaut le détour.
Mardi , après la nuit dans un lit de 220 ( on s’y perd) et le breakfast grand luxe ( on mangera pas à midi) – le Must c’est quand le chasseur stylé en tenue charge ton sac de voyage- pas un Vuitton -dans le coffre de la Deuche et te dit : je vois que vous aussi aimez jouer au Tetris ! Franchement je regrette de ne pas avoir fait la photo qui aurait été collector.
Citons à Figeac le Musée Champollion consacré à l’histoire universelle de l’écriture mais pas à visiter au pas de charge comme nous l’avons fait mais bien calmement car ça mérite la journée pour qui veut ap prendre, et une petite épicerie basque avec un commerçant qui fait plaisir : El Txikito !
Avant de tracer par la N20 et l’A20 cette fois , une dernière ballade à Capdenac le Haut , encore un village magnifique parmi les milliers qui font la splendeur de ce pays puis Dernière sortie sur Brive centre pour faire le plein ( pas de 98 ) mais de liqueur DENOIX , une maison à connaître et à découvrir avec un alambic de 1839.
Au loin nous apercevons une cohorte – bizarre ! – des Deuches , des Dyane , des Ami qui filent bon train . j’accélère, la copilote s’agace (je minimise) : 90 , 100, 110 , ça secoue , ça vibre , ça tousse mais ça tient et je les dépasse pied au plancher, les bip bip des klaxons résonnent , s’enchaînent les coucou , les salut…
Mais ou peuvent t’ils bien aller en ce 16 mai ?
Epilogue
Retour serein au terme de 1800 kms sans soucis ; j’ai fait la pression avant de partir et j’ai contrôlé le niveau d’huile tous les jours ( pas d’ajout , merci Thierry, Denis et Patrick) , côté outils c’est simple je n’en avais aucun mais je ne désespère toujours pas d’apprendre à m’en servir.
Bref une belle virée en couple dans des beaux paysages avec une super bagnole et sachez que même pour une heure , la 2cv c’est toujours la belle aventure.
A bientôt , pour un nouveau Road Trip.