Une sortie mémorable des 2cv de Sologne le samedi 26 avril 2025 au musée Maurice Dufresne !!!

Les sourires et la bonne humeur générale ont régné toute la journée au sein de la joyeuse troupe formée au petit matin par les quelques 31 adhérents présents et 15 2cv & dérivés car effectivement deux conditions indispensables étaient remplies pour ce faire :  à savoir une promenade pittoresque essentiellement sur la D17 dans notre belle campagne avec quand même 120 kms à parcourir pour des anciennes fougueuses, et la thématique intrigante et inspirante de la « Cité Rétro -mécanique près de Azay le Rideau pour un formidable retour vers  » les temps modernes »!

Le groupe -très ponctuel, bravo à tous – au départ de St Gervais à 8h15 avait raccordé les amis à Montrichard puis notre convoi filait bon train vers Montpoupon sous un ciel engageant pour une pause café agrémentée de chouquettes et de madeleines face au château très appréciée bien que de courte durée puis Chédigny et son village fleuri , Azay sur Indre et de très belles plaques Michelin d’époque, Cormery sans y prendre les célèbres macarons mais avec l’abbaye à proximité, Esvres et son éolienne Bollée (une idée de sortie) , Montbazon et sa forteresse, Artigny avec le dernier château érigé en Val de Loire, Artannes sur Indre, Saché et son musée Balzac, Pont de Ruan, et enfin le Moulin de Marnay au bord de l’ Indre exactement situé entre Azay le Rideau et Rivarennes à 4 kms de la Loire .

L’itinéraire semble avoir été apprécié par la majorité des participants si l’on en croit les commentaires spontanés bienveillants et réconfortants, et il est vrai que les belles demeures et châteaux foisonnent sur ce trajet, d’anciens moulins posés sur l’Indre ajoutent au charme et les paysages verdoyants à souhait avec les pluies abondantes des derniers jours bordent l’Indre, il reste cependant évident que coordonner plus de 15 deux chevaux sans en perdre une seule est un pari difficile, les feux et ralentisseurs n’aidant pas mais comme toujours la traversée des bourgades et les pouces levés des badauds reste carnavalesque !!!

Pas moins de trois repérages les jours précédents avaient été nécessaires pour choisir le meilleur tracé en évitant Tours à l’aller, organiser c’est savoir s’impliquer, donner du temps et de l’énergie pour procurer du plaisir aux amis et s’exposer aux  critiques qui permettent de progresser.

Cependant si le « Road book » a correctement fonctionné, le meilleur restait à venir et pour tous ceux -qui comme moi- ne connaissaient pas ce lieu magique l’effet de surprise opérait dès l’entrée devant l’ampleur des pièces présentées en commençant par la grille d’entrée qui proviendrait de Chambord !

Tout d’abord quand on évoque le nom « Cité Rétro – mécanique » un patronyme s’impose, celui de DUFRESNE qui justifierait une biographie complète tant sa vie fut palpitante et son destin peu commun !

 

 

 

Maurice né en 1930 à Bourgueil, gamin, devait parcourir six kilomètres en galoches pour se rendre à l’école communale, malin et habile en calcul il sera sacré compagnon maréchal-ferrant et épousera Jeannine qui l’accompagnera dans l’accomplissement de son oeuvre leur vie durant .

En 1958 dans son « fief » de Villeperdue, une maréchalerie qu’il a racheté, il comprend parmi les premiers que l’ère de la traction animale s’achève, celui de la traction mécanique prend son envol au début des 30 glorieuses, Maurice avec audace se lance dans la fabrication de remorques mais c’est comme « ferrailleur » qu’il trouvera enfin sa véritable et définitive vocation.

 

Désormais « Duduf » devient une adresse incontournable en Touraine : Le « vous devriez trouver ça chez Dufresne! » tient encore de la ritournelle tourangelle et pendant que les locaux s’approvisionnent chez lui en ferraille, matériels et matériaux en tout genre et en tout ce qu’on ne trouve pas ailleurs, Maurice Dufresne, lui, court le pays chiner pour approvisionner son dépôt et surtout se prend de passion dévorante pour des vieilleries destinées à la casse qu’il accumule frénétiquement .

Ainsi Mautice Dufresne  déniche parfois dans des lieux insolites ou improbables tels que sous la vase d’un étang des machines et objets dont il a très vite pressenti la nécessité d’une conservation et d’une transmission aux générations futures : Ancienne roulotte foraine, roulotte ambulante de Nénesse l’arracheur de dents, machines « infernales » en tout genre conçues avec ingéniosité par l’humain pour soulager l’effort, tracteurs, alambics, grues, mais aussi un avion Blériot, un planeur utilisé dans « La Grande Vadrouille », une vedette qui a tourné dans la 7ème compagnie, une véritable Guillotine qui avait servi en Touraine après la Révolution et dont la reconstitution tient du rocambolesque, plusieurs automobiles telles que la Peugeot électrique (déjà) , un « Poirier » construit à Fondettes (37), décidément il y avait du Prévert en Dufresne.

Au passage on ne peut qu’être frappé par le nombre important de marques locales aujourd’hui éteintes qui témoignent d’une activité économique prospère, ainsi les métiers à tisser récupérés à Tours, en réalité la journée entière ne suffit pas bien profiter des 3000 et quelques pièces .

Opiniâtre, Maurice est patient et habile négociateur mais n’abandonne jamais, il lui faudra une fois attendre jusqu’à 30 ans pour obtenir la pièce convoitée !

L’acquisition du « Moulin de Marnay » en ruines pour en faire l’écrin de sa collection et créer enfin son musée après l’avoir entièrement restauré avec notamment les mécanismes du moulin dont il a lui-même refabriqué des pièces de ses « doigts d’or » va consacrer définitivement la passion singulière d’une vie .

Avec l’inauguration officielle en grandes pompes le 24 octobre 1992 du « Musée Maurice Dufresne », dés lors la cité Rétro – mécanique s’imposera auprès des touristes comme des locaux comme une alternative incontournable aux châteaux de la Loire pour peu qu’ils soient curieux.

Initialement prévue pour débuter à 10h15 avec notre guide et malgré notre départ matinal nous étions en retard, la visite très documentée a commencé à 11h mais fort heureusement à l’issue d’un copieux pique nique sous le carport (tables et bancs fournis) nous avons refait la visite chacun et chacune à son rythme et nous avons pu musarder et nous imprégner de l’atmosphère du lieu.

Sans être ni un connaisseur, ni un passionné de mécanique ou de technique j’ai particulièrement savouré cette visite , tout d’abord en raison du parcours de vie de Maurice Dufresne et de sa personnalité hors norme que j’ai découvert , de la qualité des restaurations réalisées, et surtout par la variété des machines présentes qui sont autant d’hommage au génie créatif humain avec ces assemblages de métal, ces roues, ces engrenages, ces poulies, ces courroies qui prenaient vie et j’ai ainsi pu découvrir, apprendre, comprendre.

Les engrenages géants, les rouages du moulin hydraulique en parfait état de fonctionnement et leur symphonie lancinante justifieraient à eux seuls la visite tant on se laisse subjuguer par leur danse synchronisée au rythme du débit de l’Indre, il règne dans ces lieux une atmosphère et une esthétique tout à fait saisissantes propices à la rêverie..

Pour notre part sur le coup des 16h en compagnie de Patrick et Agnès, de Romain et son fils, de Ludo Chasseray et son fils et enfin de Jean- Marc, après un crochet jusqu’à Bréhémont ou nous avons croisé trois 2cv d’un club de Tours nous avons opté pour un retour direct par les magnifiques bords de Loire en traversant le pont de Langeais, puis Tours et Amboise au terme d’une très belle journée !

Jean-Charles Ferrand

Avec quelques emprunts au passionnant ouvrage : Musée Maurice Dufresne, l’oeuvre d’un homme passionné de jean-Luc Péchinot