Lundi 4 mai 2024 sur le coup de 7h30 départ pour Brazey-en-Plaine (21) depuis Huisseau-sur-Cosson afin de rallier la Nationale 2024 « the place to Be » du Deuchiste authentique pendant le pont de l’Ascension, mais au lieu de tirer en ligne droite c’est plus à L’Est que nous avons tourné les roues de la Charleston prétexte à un nouveau Road Trip avec Metz, Colmar et les Vosges en ligne de mire, des territoires que nous n’avions jamais visités .
La verte Sologne traversée encore dans la rosée et sous un léger brouillard nous franchissions la Loire à Sully(45) , puis Courtenay avant d’aller prendre le café à Sens (89) pour ravitailler sous la Halle et découvrir la magnifique cathédrale gothique Saint Etienne construite de 1135 à 1164 que nous visitions hélas au pas de charge en nous promettant de revenir pour une découverte plus approfondie tant la richesse de ses ornements est captivante, assurément un chef d ‘oeuvre du style gothique flamboyant, témoignage de la richesse de cet archidiocèse qui comprenait Paris et qui vit Saint Louis s’y marier (merci Wikipédia).
La 2cv reprend la route vers Troyes (10) et des plaines immenses à perte de vue trop monotones à notre goût, petit pique nique dans un joli coin puis Brienne le Château , Saint Dizier(52) connu pour avoir organisé plusieurs « Nationale » , berceau des glaces MIKO et accessoirement de la base Aérienne 113 ou stationnent les 50 Rafales chargés de la surveillance de notre espace aérien abritant 1800 personnes dont 1700 militaires, avant d’emprunter à Bar le Duc (55) la « Voie Sacrée » rendue célèbre par les taxis parisiens dits de la Marne ( des Renault AG1) réquisitionnés pour contrer l’offensive allemande de la 1ère bataille de la Marne les 6 et 7 septembre 1914 , pour filer vers Verdun (55) et plus précisément l’Ossuaire de Douaumont ou nous prenons le temps nécessaire pour nous recueillir devant le cimetière militaire.
Au sortir de Verdun les innombrables stèles et panneaux rappellent que des hommes s’entretuèrent ici , le relief est effectivement irrémédiablement déformé par les milliers d’obus tirés, nous passons dans la zone rouge qui vit neufs villages définitivement rayés de la carte, un deuchiste assez connu , Romain G est un local érudit et passionné par cette époque, nous le croiserons plus tard à Brazey .
Nous retrouvons le long de la route les traces de Maurice Genevoix , célèbre Solognot qui vécut ici des temps dramatiques et héroïques retracés dans son ouvrage « Ceux de 14″et plusieurs autres écrits , Maurice Genevoix réputé pour avoir le mieux décrit les horreurs de cette guerre, est en soit une idée de thème de sortie du club à réfléchir, mais la journée s’étire et nous arrivons vers 18h en centre-ville de Metz ..
Mardi 5 mai après un solide petit déjeuner, promenade à pied vers notre seconde cathédrale (décidément des culs bénis ces deux-là ! pas du tout, mais plutôt curieux, et admirateurs des splendeurs que nous ont confiées nos prédécesseurs); la cathédrale St Etienne de Metz (comme celle de Sens) témoigne du savoir-faire devenu légendaire des architectes , compagnons , tailleurs , ouvriers du Médiéval qui l’ont construite de leurs mains avec des outils sommaires dès 1235/1240 . Elle possède en France la plus grande surface vitrée (6500m2) mais également les plus grandes verrières gothiques , de même pour la hauteur de ses voûtes ( seules Beauvais et Amiens sont plus élevées).
La visite ne laisse pas insensible devant les proportions de ce Chef d’0euvre, de sa charpente, de l’éclat des vitraux, de ses gargouilles et on la quitte à regret car il faudrait lui consacrer la journée d’autant que les rues environnantes regorgent de façades ,enseignes et curiosités locales.
Retour sur la route en fin de matinée -direction Colmar- nous entrons dans les Vosges non loin de St Dyé avant de faire une visite à la « confiserie des Hautes Vosges » de Plainfaing ou les sucreries artisanales et surtout la célèbre pastille des Vosges à la sève de sapin nous tendent les bras . Enfin arrivée sur Colmar ,après des kilomètres de routes en lacets, par la plaine et les vignobles .
Les alentours immédiats de Colmar, hormis les vignobles sont ceux des zones commerciales et il faut à pied visiter la vieille ville-jouet pour se plonger dans le monde coloré des maisons à colombages et des enseignes , mais aussi celui des restaurants touristiques au pays des cigognes, sa vieille Venise me rappelle Annecy, entre autres, et on se projette assez facilement sur ce que doit être son marché de Noêl.
Après cette soirée à Colmar nous repartons le mercredi 6 matin en direction de Montbéliard . ou nous passerons la nuit avant de rejoindre Brazey-en-Plaine. Cette journée nous conduit sur la célèbre route des crêtes et le col de la Schlucht, et le Hohneck , troisième sommet du massif des Vosges avec 1363m d’altitude et qui sépare la Lorraine de l’Alsace. Sur cette route nous ne résisterons pas à l’arrêt dans une traditionnelle auberge de montagne pour le « repas Marcaire » , bonne pioche !
Jeudi 7 mai à la sortie de Montbéliard et du monde Stellantis nous prenons par Pont de Roide et au détour d’une scierie nous découvrons un véritable « cimetière de 2cv », la halte immédiate s’impose et après conversation avec le proprio de la scierie qui nous autorise gentiment des photos, il explique que son plaisir consiste à récupérer des 2cv qu’il stocke pour son plaisir, parfois le rouille est poétique, en creusant nous apprenons que son voisin et ami est un Deuchiste, Damien B assez connu dans le milieu 2cv , à suivre donc..
La route défile, la 2cv tourne et enchaîne les kilomètres comme une horloge entre les averses, on est bien, nous passons par Morteau vers 14h puis Pontarlier avec les magnifiques paysages du Doubs et ses vaches Montbéliardes pour atteindre Dole ou nous croisons de plus en plus de 2cv qui vont et viennent de Brazey que nous atteignons vers 17h..
Les journées suivantes des 8 et 9 mai nous permettent de visiter la Nationale ( voir article Nationale) son musée , de rencontrer les amis du club sous le barnum, d’effectuer une jolie ballade en compagnie de Patrice & Chantal jusqu’au Clos Vougeot , et de participer à l’apéritif destructeur convivial du club avant de reprendre la route dès le samedi matin pour rejoindre Huisseau en passant par Vézelay, Saulieu, puis la Charité au terme d’une semaine en 2cv comme on en voudrait en vivre plus souvent avec 2000 kms parcourus sans soucis dans une 2cv au top.
Même remarque que dans un reportage précédent au sud ( le trésor de l’Abbé Saulnières) , à savoir que la France se scinde de plus : Les bourgs et villages traversés comme endormis avec des commerces désuets , fermés , abandonnés, des bâtiments en ruine , les vastes zones commerciales aux ronds points des villes, toutes identiques avec leurs mêmes enseignes , et Les centres-villes en quelque sorte repliés sur eux – même comme en vase clos ! On ne peut que méditer sur ces trois France qui coexistent . La 2cv possède cette vertu de permettre à 80 au conducteur la découverte, de profiter des paysages traversés, et bien entendu reste le meilleur ambassadeur pour lier connaissance sur le trajet au gré des arrêts .
Jean-Charles Ferrand